Maladie de Behçet et risque cardiovasculaire : enquête auprès de 100 patients - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
La maladie de Behçet est une vascularite chronique d’origine non auto-immune et, contrairement au lupus systémique et à la polyarthrite rhumatoïde, peu d’études lui ont été consacrées dans le domaine de la majoration du risque cardiovasculaire.
L’objectif de cette étude est de déterminer la fréquence des facteurs de risque cardiovasculaire (FRCV) traditionnels et spécifiques puis d’évaluer le niveau de ce risque dans une population de patients présentant la maladie de Behçet.
Patients et méthodes |
Afin d’évaluer le niveau de ce risque, nous avons recherché de manière prospective, les facteurs de risque cardiovasculaire (FDRCV) traditionnels et spécifiques chez 100 patients (69 hommes et 31 femmes âgés en moyenne de 42,5 ans±13,26) atteints de cette maladie (durée d’évolution=15,72 ans±10,14), traités et suivis dans une consultation spécialisée de médecine interne. Tous nos patients répondaient aux critères de la classification internationale de la maladie de Behçet. Pour les besoins de l’enquête, ils ont été soumis à une prise de poids, la mesure de la taille, du tour de taille et de la pression artérielle. Un bilan lipidique, une glycémie ainsi qu’une mesure de la vitesse de sédimentation et de la CRP ont été pratiqués. La saisie et l’analyse des données ont été réalisées au moyen du logiciels Epi info® Version 6,04. Nous avons utilisé : le test du Chi2 avec correction de Yates (petits effectifs) pour la comparaison des effectifs, le test de Student « t » et l’analyse de la variance pour la comparaison de moyennes. Le seuil de significativité a été fixé à 0,05.
Résultats |
Dans notre série, 95 patients avaient au moins 1 FDRCV soit une fréquence de 95 % des cas. Le nombre de FDRCV variait entre 1 et 10 facteurs simultanés chez un même patient : dyslipidémie (51 %), sédentarité (44 %), HTA (33 %), hyperglycémie/diabète (29 %), obésité (24 %) et prise de corticoïdes (88 %).
Aucune différence significative n’a été constatée entre les 2 sexes, en ce qui concerne : l’âge, l’indice de masse corporelle, les antécédents cardiovasculaires, le tabagisme, l’hypertension artérielle, l’existence d’un diabète, le bilan inflammatoire, le profil lipidique, le syndrome métabolique, la durée d’évolution et le niveau de risque cardiovasculaire selon les 2 modèles de Framingham et SCORE. Cependant, une différence statistiquement hautement significative a été observée en ce qui concerne la sédentarité et la fréquence des facteurs de risque cumulés, les hommes cumulant moins de facteurs de risque que les femmes.
Discussion |
L’étude des FRCV dans cette population de patients atteints de maladie de Behçet révèle que le risque potentiel de morbimortalité existe mais reste moins élevé que celui observé chez les patients atteints de lupus systémique ou de polyarthrite rhumatoïde étudiés dans de courtes séries réalisées antérieurement dans le même service et dans les mêmes conditions. Les FDRCV traditionnels sont multiples et apparaissent pour certains d’entre eux, significativement plus fréquents chez la femme que chez l’homme conformément aux données de la littérature. Par ailleurs, si la relation entre le nombre de FRCV et la durée d’évolution de la maladie d’une part et l’élévation des marqueurs de l’inflammation d’autre part n’a pas été démontrée dans cette étude, en revanche, cette relation apparaît hautement significative en ce qui concerne la corticothérapie au long cours, réputée pour son pouvoir athérogène. En effet, dans cette maladie du sujet jeune, l’apparition précoce du diabète, de l’HTA, de l’obésité et de la dyslipidémie sont très souvent d’origine iatrogène.
Conclusion |
L’augmentation de la fréquence des FDRCV au cours de la maladie de Behçet reste encore controversée et l’établissement d’une relation de causalité entre la vascularite et le risque cardiovasculaire observé dans notre courte série descriptive reste difficile à établir.
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Vol 39 - N° S2
P. A124-A125 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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